Dans les rues poussiéreuses de Mora, chef-lieu du département du Mayo-Sava, la vie suit un rythme lent mais constant. Les femmes, parées de voiles aux couleurs éclatantes, vaquent à leurs tâches quotidiennes, tandis que les enfants jouent dans les ruelles, insouciants des dangers qui planent sur leur région. Pourtant, l’ombre menaçante de Boko Haram continue de peser sur cette ville de l’Extrême-Nord du Cameroun.

Malgré des attaques récurrentes et des vagues de déplacements forcés, les habitants de Mora font preuve d’une résilience impressionnante. Ils ont appris à vivre avec l’incertitude et la peur, mais refusent de céder à l’adversité. Pour eux, l’éducation est devenue un bouclier essentiel contre l’obscurantisme et la violence. Aïcha, mère de trois enfants, exprime avec force la détermination de nombreux habitants : « La vie est difficile, très difficile. Nous avons peur, mais nous ne pouvons pas nous permettre de rester cloîtrés. Il faut travailler pour nourrir nos enfants et leur donner une chance. L’école, c’est notre arme pour les protéger de l’extrémisme. »

Dans un contexte où envoyer ses enfants à l’école relève presque d’un acte de bravoure, les parents de Mora voient l’éducation comme une solution durable pour offrir à leurs enfants un avenir à l’abri de la violence. Les enseignants, quant à eux, doivent composer avec des défis multiples : dispenser un enseignement de qualité tout en apportant un soutien moral à des élèves souvent traumatisés par les violences. Pour garantir la sécurité des élèves, les autorités ont pris des mesures drastiques. Les écoles sont désormais fortifiées, et des patrouilles régulières visent à prévenir les attaques. Pourtant, malgré ces efforts, la menace reste omniprésente. Moussa, père de famille, exprime le dilemme auquel sont confrontés de nombreux parents : « Nous avons peur pour nos enfants, mais nous n’avons pas le choix. Les envoyer à l’école est à la fois un devoir et une responsabilité. »

La crise liée à Boko Haram a engendré des conséquences humanitaires catastrophiques. Des milliers de personnes ont été déplacées, les infrastructures locales dévastées, et l’économie régionale gravement affaiblie. Face à cette situation critique, un soutien international accru est indispensable. Il est urgent de renforcer la présence étatique dans les zones les plus touchées, de financer les programmes éducatifs et de stimuler le développement économique afin d’offrir des perspectives d’avenir durables à ces communautés. Malgré les épreuves, les habitants de Mora gardent espoir. Animés par la conviction que l’éducation est la clé de leur avenir, ils se battent pour offrir à leurs enfants la possibilité d’apprendre, de grandir et de bâtir un monde où règnent la paix et la sécurité.

En ces temps troublés, leur détermination est un puissant rappel de l’importance de la solidarité et de l’éducation comme moteurs du changement.