Parc National de MA MBED MBED : Une Controverse Émergente sur les Droits des TUPURI et l’Unité Nationale.

Le décret n°2020/0003 du 7 janvier 2020 a officialisé la création du Parc National de MA MBED MBED dans le département du Mayo-Kani. Cette initiative, qui concerne les arrondissements de Kaélé, Guidiguis et Taibong, suscite des interrogations, notamment au sein de la communauté TUPURI. Si la préservation de la biodiversité est un enjeu crucial pour certains, d’autres estiment que ce projet pourrait porter atteinte aux droits culturels, économiques et sociaux des populations locales. Une analyse approfondie de ses implications semble nécessaire pour éviter d’éventuels malentendus et tensions.
Une Dénomination Controversée : Un Risque de Stigmatisation
L’une des premières controverses liées à ce projet concerne son appellation. Selon certaines sources, le nom « MA MBED MBED » signifierait « le peuple non circoncis » dans une langue locale distincte de celle des TUPURI. Une telle dénomination pourrait être perçue comme péjorative ou stigmatisante, suscitant des ressentiments au sein de la communauté concernée. Dans un contexte où les identités ethniques sont sensibles, une mauvaise interprétation de ce nom pourrait raviver des tensions culturelles et nuire à la cohésion sociale. Il serait donc opportun que les autorités clarifient l’origine et la signification exacte de cette appellation afin d’éviter tout malentendu.
Des Terres Ancestrales Menacées ?
Ce projet du parc recouvre des terres historiquement exploitées par la communauté TUPURI. Depuis des générations, ces espaces sont dédiés à l’agriculture, à l’élevage et à des pratiques culturelles ancestrales. Leur transformation en zone protégée pourrait être perçue comme une expropriation indirecte, menaçant ainsi la transmission des traditions et le mode de vie de cette population.D’après le régime juridique des forêts et aires protégées au Cameroun, toute zone classée en parc national devient inaliénable et les droits d’usage des populations locales y sont limités (Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994). Cette législation, bien que destinée à préserver l’environnement, ne prend pas toujours en compte les réalités socio-économiques des communautés riveraines. Cela pourrait envisager des risques sur l’agriculture et l’élevage de toute la population vivant dans cette zone. La restriction d’accès aux terres cultivables pourrait aussi fragiliser, entraînant une baisse de revenus et une insécurité alimentaire accrue. En se référant au rapport du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire sur les aires protégées, plusieurs conflits fonciers ont déjà été signalés dans d’autres régions du Cameroun suite à la création de parcs nationaux (Source).
Un Risque de Marginalisation et de Division
Pour certains analystes, la création de ce parc pourrait exacerber des divisions intra-communautaires. En isolant géographiquement la communauté TUPURI, le projet pourrait être interprété comme une tentative de fragmentation ethnique. Dans un pays où l’unité nationale repose sur la cohabitation pacifique des ethnies, toute initiative perçue comme discriminatoire risque d’alimenter un sentiment de marginalisation. Pour prévenir ces tensions, un dialogue transparent et inclusif avec les représentants des populations concernées est essentiel.
Conclusion : Vers un Compromis Équitable
Le Parc National de MA MBED MBED s’inscrit dans une politique de préservation de l’environnement, mais il ne doit pas se faire au détriment des droits des populations locales. Il est impératif que les autorités prennent en compte les préoccupations des TUPURI, afin de garantir une coexistence harmonieuse entre conservation écologique et respect des cultures locales. En engageant un dialogue ouvert, en proposant des compensations adaptées et en adoptant une gouvernance plus inclusive, l’État camerounais pourrait faire de ce projet un modèle de conciliation entre protection de la nature et justice sociale.
📌 Sources et références :
