Crise à Kousseri : Ferdinand Ngoh Ngoh confronté à la colère des populations de l’Éxtreme-Nord.

La récente visite de Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun, dans la région de l’Extrême-Nord a été marquée par une forte tension sociale. Ce déplacement, initialement prévu pour adresser les problématiques locales liées à l’insécurité et aux catastrophes naturelles, a pris une tournure inattendue lorsque les populations ont bloqué le départ de la délégation gouvernementale, exigeant d’être entendues avant toute évacuation.
Une visite sous haute tension
Arrivé le 15 février 2025 dans la ville de Kousseri, chef-lieu du département du Logone-et-Chari, Ngoh Ngoh était accompagné du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, et du ministre de la Jeunesse, Mounouna Foutsou. Officiellement, cette visite s’inscrivait dans le cadre d’une mission d’évaluation des conditions de vie des populations, notamment après les récentes inondations et les attaques persistantes de Boko Haram. Cependant, malgré des escales dans plusieurs localités, les attentes des habitants semblaient largement insatisfaites.
D’après RFI, tout semblait se dérouler normalement jusqu’à l’étape de Kousseri. C’est à ce moment que la situation s’est brusquement envenimée. Alors que la délégation s’apprêtait à rejoindre Maroua par hélicoptère pour retourner ensuite à Yaoundé, une foule de citoyens et d’élus locaux a encerclé l’appareil, refusant de laisser partir le SGPR avant qu’il ne reçoive leurs doléances.
Un blocus populaire inédit
Selon LeBledParle, des maires et députés du Logone-et-Chari ont pris part à cette contestation, dénonçant une attitude jugée « méprisante » de la part de l’émissaire du président Paul Biya. Sur des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux, on aperçoit des élus du RDPC, arborant leurs écharpes aux couleurs du Cameroun, interpeller vivement le Secrétaire général de la présidence. Certains d’entre eux seraient même allés jusqu’à défier les forces spéciales du BIR, leur demandant de tirer s’il le fallait pour les disperser.
Le bâtiment de la préfecture, où s’étaient réfugiées les autorités, a été encerclé par des dizaines de jeunes manifestants. Face à cette pression populaire, Ngoh Ngoh et sa délégation ont été contraints de prolonger leur séjour et d’organiser des audiences improvisées jusque tard dans la nuit. RFI précise que c’est uniquement le lendemain, après une nuit entière de négociations et d’échanges avec les représentants locaux, que la situation a commencé à se désamorcer, permettant enfin le départ de la délégation gouvernementale.
Un malaise profond à quelques mois de la présidentielle
Cette crise survient à un moment crucial pour le régime de Yaoundé, alors que la présidentielle camerounaise approche. La région de l’Extrême-Nord, qui représente près de 30 % de la population nationale, est stratégique sur le plan électoral. Or, l’incident de Kousseri illustre un profond sentiment de marginalisation ressenti par les habitants de cette zone, souvent confrontés à la précarité, aux violences terroristes et aux catastrophes climatiques.
Derrière cette mobilisation inédite, c’est un message clair qui est adressé au pouvoir central : les populations de l’Extrême-Nord réclament une attention réelle à leurs préoccupations et non de simples visites protocolaires. Reste à savoir comment le gouvernement réagira à cet avertissement, à l’aube d’un scrutin crucial.